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Historique

Le Théâtre des Mathurins,
un siècle de création

Je suis née au Théâtre des Mathurins. Ma patrie est le théâtre et mon pays d’origine l’Espagne.

Maria Casarès

Le théâtre parisien où j’ai eu les plus grands bonheurs : les Mathurins.

Michel Bouquet

Historique du théâtre des Mathurins

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La rue

La ruelle longeant une ferme appartenant depuis le XIIIe siècle à l’ordre des moines Mathurins devient rue des Mathurins au XVIIe siècle. Après leur exécution, Louis XVI et Marie-Antoinette seront inhumés dans un cimetière à l’angle des rues Pasquier et des Mathurins.

Le propriétaire du terrain le remet à la disposition de la famille royale lors de la Restauration. En récompense, Louis XVIII accorde à Sevestre, petit-fils du fossoyeur du cimetière et modeste acteur, le privilège d’exploiter des théâtres hors des barrières de Paris.

Le théâtre

Dès 1893, il existait à cet emplacement un grand salon, susceptible d’être loué, ouvert au public et pouvant accueillir au grand maximum 300 personnes. Il n’y avait à l’époque ni de scène, ni même d’estrade ou de loges d’artistes. On y organisait plutôt des concerts.

La salle est modifiée une première fois en 1897 par l’architecte Salvan puis en 1898 par Rochet pour devenir la salle des Mathurins inaugurée le 10 octobre de la même année sous la direction de la divette Marguerite Deval.

En 1910, la salle prend le nom de Théâtre de Monsieur, puis des Mathurins Nouveaux jusqu’en 1912, date à laquelle on la baptise Théâtre des Mathurins.

Celui-ci est fermé puis réouvert en 1919 à la demande de Sacha Guitry, qui enjolive le théâtre. Sous le parterre il fait aménager un bar pouvant servir de galerie d’expositions et baptise le théâtre «Théâtre de Sacha Guitry».

En 1922, on décide d’agrandir et de changer radicalement la décoration. Le projet est confié à Charles Siclis, jeune architecte en vogue.

Si l’intérieur a évolué au fil du temps en perdant de sa cohérence, la façade du théâtre possède toujours un intérêt non négligeable. Il a fallu beaucoup de courage et de talent pour réaliser ce manifeste délirant de modernité, qui, incongrûment s’impose aux niveaux inférieurs d’un immeuble de rapport, représentatif du confort bourgeois. Siclis n’a pas hésité à jouer sur le contraste entre ancien et moderne et les a mariés dans une composition qui prend valeur de symbole. Le théâtre avec sa propre logique plastique s’oppose et dénonce les bow-windows des étages supérieurs.

Les directeurs et les oeuvres

Février 1900 Le Beau Choréas, création de Marguerite Deval
Novembre 1900 La petite femme de Luth
1902 Le Page, de Sacha Guitry
6 décembre 1905 Nono, comédie en trois actes de Sacha Guitry (qui n’a alors que vingt ans).

Juin 1920 : Sacha Guitry revient pour la dernière fois aux Mathurins pour jouer lui-même le personnage de Robert Chapelle dans Nono.
1921 : Huitième femme de Barbe-Bleue et Ce que femme veut, deux pièces de Alfred Savoir, avec Jules Berry et Charlotte Lysès.

1927 George et Ludmilla Pitoëff dans :
Mixture de Lenormand
La maison des coeurs brisés de George Bernard Shaw
Adam, Eve et Cie de Balgi

1934 Ce soir on improvise de Pirandello, avec les Pitoëff

1935 George Pitoëff devient directeur du Théâtre jusqu’en 1939, il multipilie les créations du grand répertoire international

1939 Marcel Herrand et Jean Marchât prennent la relève du Rideau gris

1942 Deirdre des douleurs de John Millingont Synge, avec la grande Maria Casarès

1943 Le malentendu, première pièce d’Albert Camus, avec Maria Casarès

1947 Mort sans sépulture de Jean-Paul Sartre

1954 La vie que je t’ai donnée de Luigi Pirandello

1961 Le square de Marguerite Duras

1966 La Putain Respectueuse de Jean-Paul Sartre, puis Témoignages irrecevables de John Osborne, dans une mise en scène de Claude Régy avec Michel Bouquet.

1973 Jean Anouilh est à l’honneur avec Le Voyageur sans bagage puis Antigone.

Le duo formé par Pierre Arditi et Jean-Luc Moreau marque l’année 1976 avec Rosencrantz et Guildenstern sont morts de Tom Stoppard, sous la direction de Jean-François Prévand.

En 1981, Henri de Menthon prend la direction du théâtre.
En 1982, Pierre Boutron dirige Patrick Chesnais dans L’avantage d’être constant d’Oscar Wilde.
En 1983, Caroline Cellier est à l’affiche du Bonheur à Romorantin de Jean-Claude Brisville.

Gérard Caillaud, successeur d’Henri de Menthon entreprend des travaux de rajeunissement et d’agrandissement en aménageant en sous-sol une salle de cent places avec un foyer-bar. Anciennement salle de répétition ; Louis Jouvet, Charles Dullin, Gaston Baty et Georges Pitoëff, alors directeurs de théâtres, s’y réunissaient.

La nouvelle direction programme dans le même esprit Le Baiser de la Veuve d’Israël Horowitz, Le Résident de Slawomir Mozek puis les Palmes de Monsieur Schutz de Jean Noël Fenwick, considérable succès couronné par un Molière en 1989 et joué plus de 1000 fois.

Jean-Louis Livi et Bernard Murat qui ont l’honneur et le bonheur de reprendre ce théâtre. Ils entreprennent aussitôt d’importants travaux de décoration et de rénovation, principalement la totalité de la cage de scène.
La Preuve de David Auburn
L’invité de David Pharao
Une heure et demi de retard de Jean Dell et Gérald Sibleyras
Le Vieux Juif Blonde de Amanda Sthers, etc.

De 2006 à 2010, Daniel Colas et Yvan Varco reprennent le flambeau de leurs prédécesseurs.
Ils mettent à l’affiche notamment Les Autres de Jean-Claude Grumberg ou encore Henri IV de Daniel Colas. C’est également pour Les chaussettes opus 124, que l’immense Michel Galabru reçoit son Molière du Meilleur Comédien en 2008.

A l’orée de 2011, l’équipe du Théâtre de la Gaîté-Montparnasse (Louis-Michel Colla et Stéphane Engelberg), sous la présidence de Séverine Setbon, entame sa direction en programmant le retour sur scène, après plus de quinze années d’absence, de Vincent Perez dans la première pièce de Karine Silla, Le temps qui passe, et la première adaptation à deux voix de Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig, avec Sarah Biasini et Frédéric Andrau.

Fin 2019, Dominique Bergin et Pierre Callegari s’associent à Louis-Michel Colla pour reprendre la direction de ce théâtre historique et mythique.